Archive: 14 octobre 2025

L’ère des champions bancaires africains

Le 11 octobre 2025, une conférence en ligne organisée par YASA (Young African Strategic Alliance) a réuni trois figures du secteur bancaire africain autour d’un thème majeur : « L’Ère des Champions Bancaires Africains : transformer le retrait des banques occidentales en levier de développement stratégique. ». Sous la modération d’Adama Wade (Financial Afrik), Dr Gervais Atta (Atlantic Group), Daouda Coulibaly (Attijari West Africa) et Fabrice Vossa (Vista Bank France) ont débattu de la souveraineté financière, de la digitalisation et du rôle croissant des banques locales.

Dès l’ouverture, le ton était donné : le départ des grandes banques européennes d’Afrique est une opportunité historique. « Ce n’est pas la fin, mais le début de la souveraineté financière africaine », a déclaré Dr Atta, appelant à la consolidation des institutions africaines. Pour Coulibaly, « il faut transformer ces rachats en bijoux et apprendre à bien gérer nos propres structures. »
Les intervenants ont insisté sur la nécessité de bâtir un modèle bancaire africain, reposant sur trois piliers : digitalisation, inclusion financière et ingénierie adaptée aux réalités locales.

La digitalisation, perçue comme moteur d’inclusion, transforme déjà le secteur : ouverture de comptes à distance, paiements instantanés et interopérabilité monétaire dans l’espace UEMOA.
Fabrice Vossa a illustré cette avancée : « Avant, une transaction entre le Togo et la Côte d’Ivoire prenait 48 h ; aujourd’hui, elle est instantanée. » Mais, comme le rappelle Dr Atta, cette révolution nécessite une éducation numérique et des infrastructures accessibles à tous.

Autre enjeu clé : le financement des PME. Les entrepreneurs africains peinent encore à accéder au crédit. Coulibaly souligne que « le coût du risque est la clé : plus les PME seront structurées, plus les taux baisseront ». Des instruments de garantie et un accompagnement technique sont essentiels pour restaurer la confiance entre banques et entreprises.

Face à la présence grandissante de la Chine et du Moyen-Orient, les panélistes prônent une approche lucide : « Nous n’avons pas besoin d’attendre, mais de choisir nos partenariats », a affirmé Vossa.
Dr Atta, lui, appelle à une consolidation du secteur bancaire africain, encore trop fragmenté pour financer de grands projets.

En conclusion, les intervenants ont lancé un appel à la jeunesse africaine : se former, anticiper et bâtir l’avenir du continent. « Le retrait des banques européennes n’est pas une perte, c’est notre chance », a résumé Dr Atta.
Cette conférence, suivie par plus de 60 participants, a confirmé une conviction partagée : l’Afrique n’assiste plus à sa transformation, elle la conduit.

Lou Youzan

Geneva AI Showcase & Exchange à Genève

Le 3 octobre 2025 à Genève, j’ai eu le plaisir de participer au Geneva AI Showcase & Exchange, dans le cadre des Swiss {ai} Weeks. Cet événement visait à rapprocher l’innovation technologique, le monde académique et les acteurs de terrain, afin de réfléchir ensemble à comment l’IA peut générer de l’impact concret dans des secteurs variés. Les Swiss {ai} Weeks sont une initiative nationale qui se tient du 1ᵉʳ septembre au 5 octobre 2025, et qui rassemble hackathons, conférences, ateliers et rencontres autour de l’intelligence artificielle . L’idée est de faire le pont entre la recherche et son application sociétale, en promouvant une IA « made in Switzerland », transparente, éthique et ouverte. Plus de 55 organisations suisses sont engagées dans cette dynamique collective. Dans ce cadre, le Geneva AI Showcase & Exchange s’est imposé comme une plateforme d’échanges concrets où chercheurs, innovateurs et praticiens peuvent partager des cas d’usage, des défis et des perspectives. 

Au cours de l’événement, plusieurs projets inspirants ont été mis en avant par des professionnels et des chercheurs, illustrant des applications concrètes de l’IA dans différents secteurs : 

  • Benoit Morelle – LevelAid.ai : une plateforme utilisant l’IA pour améliorer les négociations climatiques lors des conférences internationales (COP). Cet outil vise à faciliter la structuration des priorités et à identifier des terrains d’entente afin de rendre les négociations plus inclusives et efficaces. 
  • Shaun Lake – Centre du commerce international (ITC) : un projet d’agent conversationnel intelligent conçu pour soutenir les petits exploitants agricoles. L’objectif est de relever les défis techniques du déploiement d’une IA accessible aux agriculteurs, afin de leur fournir des conseils personnalisés et immédiats pour améliorer leurs pratiques et leurs récoltes. 
  • Adriana De Oro – Geneva Innovation Movement : un chatbot alimenté par l’IA, conçu pour conseiller sur la valeur relationnelle et encourager l’innovation collaborative au sein des organisations. Ce chatbot a pour ambition de guider les utilisateurs dans le renforcement des collaborations et des échanges, en valorisant les interactions humaines dans les processus d’innovation. 
  • Jean-Louis Racine – Clean Cooking Alliance : l’utilisation de l’IA pour mieux comprendre les besoins des utilisateurs de solutions de cuisson propre. Grâce à l’analyse intelligente de données d’usage et de retours du terrain, ce projet aide à identifier des pistes d’innovation pour diffuser plus largement des méthodes de cuisson écologiques, efficaces et adaptées aux besoins des communautés. 

Les échanges qui ont suivi ces présentations ont mis en lumière des défis communs liés à la mise en œuvre de l’IA sur le terrain. Que ce soit dans la lutte contre le changement climatique, dans l’agriculture, l’innovation sociale ou l’énergie, les intervenants ont souligné l’importance de passer de prototypes prometteurs à une échelle plus large. Le défi du passage à l’échelle englobe non seulement des questions techniques (infrastructure, volume de données, fiabilité des modèles), mais aussi la nécessité d’impliquer les utilisateurs finaux et de démontrer une création de valeur tangible. En effet, déployer une IA efficace implique de s’assurer qu’elle répond à un besoin réel, qu’elle s’intègre bien dans le contexte local et qu’elle apporte un bénéfice clair par rapport aux méthodes existantes. Malgré ces défis, le ton général de l’événement était à l’optimisme et à la collaboration. Les participants ont partagé des perspectives sur la manière d’adapter les solutions d’IA aux contraintes du terrain et de favoriser l’échange de bonnes pratiques entre secteurs. L’un des points marquants a été la reconnaissance que les leçons apprises dans un domaine (par exemple l’agriculture) peuvent inspirer des approches dans un autre (comme le climat ou la santé). Cela souligne l’importance d’événements transdisciplinaires comme celui-ci, qui encouragent la fertilisation croisée des idées. 

En tant que participante passionnée par le potentiel de l’IA, cette expérience au Geneva AI Showcase & Exchange s’est révélée particulièrement enrichissante. J’ai pu constater de près comment des experts de divers horizons s’attaquent aux grands défis de notre époque grâce à l’intelligence artificielle, tout en restant conscients des obstacles à surmonter. Ce genre d’initiative joue un rôle crucial pour rassembler une communauté autour de l’innovation responsable et catalyser de nouvelles idées. 

Plus largement, cette expérience m’a confortée dans l’idée que l’avenir de l’IA se construira dans la collaboration et la pluralité des regards. À l’heure où les frontières entre technologie, société et éthique s’entrecroisent, il devient essentiel de continuer à créer des espaces de dialogue comme celui-ci des espaces où l’humain reste au centre. Car c’est en conjuguant innovation et responsabilité que l’intelligence artificielle pourra réellement devenir un moteur de progrès partagé. 

Lou Youzan  

Retour sur VivaTech 2025 à Paris

Du 11 au 14 juin 2025, j’ai eu la chance de participer à la neuvième édition de Viva Technology, le plus grand salon européen consacré à l’innovation, à Paris Expo Porte de Versailles
J’y étais en tant que cadreuse vidéo pour 24h00.info, au plus près des stands, des conférences et des entrepreneurs qui façonnent le futur. Cette année, VivaTech a battu tous les records : 180 000 visiteurs en quatre jours, 14 000 startups, 3 600 investisseurs et des participants venus de 171 pays
C’est simple : Paris s’est transformé en véritable capitale mondiale de la technologie. 

Sur scène, des personnalités emblématiques comme Jensen Huang (CEO de NVIDIA), Arthur Mensch (CEO de Mistral AI) et le président Emmanuel Macron ont partagé leurs visions de l’avenir. Dans les allées, 50 pavillons nationaux présentaient l’effervescence technologique de pays du monde entier : le Canada (invité d’honneur 2025), le Japon, l’Inde, le Nigeria… 
« Cette 9e édition a dépassé toutes nos attentes », a déclaré Maurice Lévy, co-président de VivaTech. Rendez-vous est déjà pris pour le 10e anniversaire, du 17 au 20 juin 2026

Difficile de passer à côté : l’intelligence artificielle (IA) a été la grande vedette de cette édition. Près de 40 % des exposants proposaient des solutions liées à l’IA. On y trouvait de tout : des robots autonomes, des avatars vidéo générés par IA, des interfaces cerveau-machine, et même des outils d’aide à la santé ou à l’éducation. Des startups comme Habs (le “Neuralink français”) ou Argil, spécialisée dans les avatars intelligents, ont attiré toutes les attentions. Cette omniprésence de l’IA montre bien à quel point elle est devenue le moteur de l’innovation mondiale, adoptée aujourd’hui par 85 % des entreprises présentes à VivaTech. Un espace baptisé Impact Bridge mettait aussi en lumière des projets à impact positif pour la santé, le climat, ou encore l’éducation. Un rappel essentiel : la technologie doit avant tout servir l’humain et la planète. VivaTech, c’est aussi le rendez-vous des jeunes pousses
Cette année, le prix de la Startup Innovation of the Year a été décerné à Chipiron, une startup française qui développe une IRM portable et abordable, basé sur une technologie quantique. Une avancée prometteuse qui pourrait rendre l’imagerie médicale accessible à tous. Les autres finalistes ont eux aussi impressionné : des lunettes connectées pour les malvoyants, des puces photoniques révolutionnaires, des procédés pour transformer les déchets miniers en puits de carbone, et même des micro-robots spatiaux
Des idées qui semblaient sorties d’un film de science-fiction, mais qui existent bel et bien. 

Ce que je retiens surtout de cette expérience, ce sont les rencontres exceptionnelles avec des acteurs africains et afro-descendants qui innovent et inspirent : 

  • Lansana Keita, fondateur de Webz@li (Guinée) 
  • Adrien Davin, fondateur de Dreane Immo (Gabon) 
  • Pape Ammadou Mbodj, CEO de Amso Care (Sénégal) 
  • Maïmouna Touré, fondatrice de Quantech.Solutions (Côte d’Ivoire) 
  • Dr Parfait Touré, CEO de YODAN (Côte d’Ivoire) 
  • Et l’équipe de Beekee (Genève), qui propose des solutions éducatives connectées. 

Ces entrepreneurs incarnent une Afrique confiante, créative et tournée vers l’avenir
Leur énergie, leurs idées et leur engagement m’ont profondément inspirée. L’Afrique n’est plus spectatrice du progrès : elle en devient l’un des moteurs les plus puissants

VivaTech 2025 a été pour moi une aventure inoubliable. En tant que cadreuse vidéo, j’ai pu capter des moments uniques, des sourires, des échanges, des idées en mouvement. Mais au-delà des images, c’est l’esprit de collaboration et de passion qui m’a le plus marquée. Ces quatre jours m’ont permis d’approfondir mes compétences techniques en vidéo, mais aussi de m’ouvrir encore plus à la diversité des innovations venues d’Afrique et du monde. 
J’ai compris que l’innovation n’est pas qu’une affaire de technologie : c’est d’abord une affaire de vision, d’humain et de courage.  

VivaTech 2025 restera une expérience fondatrice, un moment d’inspiration et d’apprentissage. Entre la vague d’intelligence artificielle, les innovations à impact et les rencontres humaines, ce salon m’a rappelé une chose : L’Afrique a toute sa place dans la révolution technologique mondiale non pas en observatrice, mais en architecte de son propre avenir. 

 Lou Youzan 

4ᵉ édition de France Quantum à Paris

Le 10 juin 2025, j’étais à Station F (Paris) pour la 4ᵉ édition de France Quantum, en mission pour 24H00.info. Ce rendez-vous annuel a une ambition claire : accélérer l’innovation quantique et renforcer la souveraineté technologique européenne. Chercheurs, industriels, investisseurs et institutions se sont réunis pour tracer les contours du futur, celui où le quantique devient un levier stratégique pour la France et l’Europe. 

Lors de la table ronde “Strategic Autonomy”, cinq leaders européens (CEA, Renault Group, Crédit Agricole, EDF, Systematic) ont insisté sur l’importance d’une coopération intersectorielle plutôt que d’une compétition isolée. Du calcul quantique appliqué à l’énergie et à la mobilité jusqu’à la finance prédictive, tous ont souligné l’urgence de mettre les capacités quantiques au service des filières industrielles européennes. Le projet PROQCIMA a été cité comme un modèle de mutualisation et d’ouverture des ressources de calcul à grande échelle. 

Une autre session stratégique a porté sur les startups quantiques post-Series B, animée par Emily Meads, Manjari Chandran, Richard Menneveux et Adrien Muller. Après une hausse de 50 % du financement privé entre 2023 et 2024, les investisseurs se tournent désormais vers les sociétés capables de passer du laboratoire au marché. Logiciels quantiques, orchestration, intégration HPC : les opportunités sont là, mais les risques technologiques demeurent. 
Les experts appellent à un écosystème public-privé renforcé, soutenu par Bpifrance et le plan France 2030, pour sécuriser ces phases critiques. 

Du Côté des recherches, Jean-Philip Piquemal, cofondateur de Qubit Pharmaceuticals, a reçu un Honorary Award pour ses travaux reliant le quantique à la découverte pharmaceutique, symbole d’un quantique au service de la santé et du bien commun.  

Alors que l’Allemagne investit 3 milliards $ dans son Quantum Technologies Action Plan, la France trace sa voie : fédérer, industrialiser et rendre le quantique accessible. 
France Quantum 2025 a confirmé une dynamique forte : celle d’une Europe qui avance, unie, vers la maîtrise technologique et la souveraineté numérique. 

En clôture, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a rappelé l’intégration du quantique dans la stratégie de défense nationale, soulignant ses applications dans la communication sécurisée et la simulation. Sous le haut patronage du président Macron, cette prise de position confirme : le quantique est désormais un enjeu stratégique d’État

France Quantum 2025 n’a pas seulement célébré une technologie : il a affirmé une vision. Celle d’un quantique utile, souverain et collectif, à la croisée de la science, de l’industrie et de la société. 
Le futur quantique s’écrit maintenant et la France en est l’un des auteurs les plus inspirés. 

Lou Youzan